Sociologie de l'environnement
ECTS : 2
Description du contenu de l'enseignement :
Ce cours propose une introduction à la sociologie de l’environnement. Seront analysées entre autres les notions de “slow violence”, “epistemic violence”, “wilderness”, “environmental racism”, “public health exposome”, “socio-exposome”, “épigénétique”, “écologie”, “santé environnementale”, appliquées à l’étude des inégalités environnementales et de l’action publique. Le cours croisera les catégories d’analyse telles que les variables de genre, de classe et de race. À travers l’étude de textes en sociologie, en science politique, en anthropologie, en histoire mais aussi en sciences biomédicales, à la fois en anglais et en français, le cours permettra d’aborder les questions liées à la production d’environnements toxiques et à la constitution de mobilisations sociales autour de causes environnementales. Le cours s’intéressera aussi à la question du stigmate territorial et des relations entre l’État et les pouvoirs publics, les industries et les populations affectées par les débordements industriels, dans une pluralité de contextes : aspects « globaux » ou transnationaux, Chine, États-Unis (la Californie, le Michigan et la Louisiane), Espagne, France, Ukraine.
Nous attendons une participation active et courtoise au sein du collectif. Sur le fond, nous souhaitons partager la préoccupation suivante dans ce groupe : nous nous efforcerons le plus possible de saisir « en sciences sociales » les enjeux des réflexions (dans plusieurs disciplines) ou de l’action publique qui s’appuient sur la notion d’environnement. Même lorsqu’il sera question d’aborder des cas de manière très monographique à travers tel ou tel texte, nous tâcherons toujours de questionner ce dont « l’environnement » est porteur, à la fois du point de vue méthodologique, épistémologique et politique.
Compétence à acquérir :
Les compétences que nous chercherons à aider les étudiant.e.s à acquérir relèvent de plusieurs registres de pratiques :
- La pratique de la lecture de textes en sciences sociales : comment en extraire de l’information, comment la croiser avec d’autres informations, d’autres supports, comment la mettre en relation avec des problématiques générales en sociologie, histoire, anthropologie ou science politique ? Cette dernière question, sur le fond, guide l’ensemble du cours : penser en sciences sociales la plasticité des catégories qui de manière croissante utilisent « l’environnement » comme véhicule de pensée ou d’action.
- La pratique du travail collectif, à la fois pour élaborer des questions et mener des échanges en classe, avec une attente forte de participation orale de toutes.tous. Cette participation ne se limite d’ailleurs pas à ce qui se déroulera en cours, puisque chaque session est précédée d’échanges sur le forum Moodle, pour que toutes.tous puissent exprimer des interrogations ou remarques à propos des lectures de la session de cours concernée. Le travail collectif, enfin, s’entendra dans les travaux de groupe que les étudiant.e.s remettront par écrit ou présenteront en séance à l’oral.
- L’ensemble de ces pratiques se fera dans le respect des personnes et du bon fonctionnement du groupe. C’est également une compétence à laquelle nous sommes très attachées.
Mode de contrôle des connaissances :
- Tout le groupe lira les textes proposés pour la séance du jour.
- Selon le nombre d’étudiant.e.s inscrit.e.s, une répartition de l’effectif se fera entre deux types de travaux : a) un certain nombre d’entre elles.eux présenteront des exposés appuyés sur ces textes, en les rapprochant de textes ou documents qu’elles.ils auront recherchés pour les mettre en relation avec la séance concernée ; b) l’autre partie du groupe présentera brièvement des fiches de lecture appuyées sur la bibliographie générale ; c) ces deux types de travaux (exposés et fiches de lecture) feront l’objet d’une restitution écrite auprès des enseignantes, document écrit qui sera également mis en circulation pour tout le monde.
Bibliographie, lectures recommandées :
Il s’agit d’une bibliographie indicative, à laquelle s’ajouteront, dans le Syllabus dont la version définitive sera préparée pour le second semestre 2023-2024, les lectures sur lesquelles s’appuieront directement les séances.
- Allen, B. Uneasy Alchemy: Citizens and Experts in Louisiana's Chemical Corridor Dispute. MIT Press, 2003.
- Anderson, Nels. The Hobo: The Sociology of the Homeless Man, University of Chicago Press, 1923.
- Aykut S. Climatiser le monde. Quae, 2020.
- Boudia, S. and N. Jas. Gouverner un monde toxique. Quae, 2021.
- Boudia, S. and N. Jas. Powerless Science? Science and Politics in a Toxic World. Berghahn, 2014.
- Boullier H. and Henry E. “L’expertise chimique sous emprise industrielle. Quand la gestion des conflits d’intérêts masque inégalités et rapports de pouvoir,” Sciences sociales et santé 38 (3), 2020: pp. 49-76.
- Bourgois, Philippe, Bridget Prince and Andrew Moss, “The Everyday Violence of Hepatitis C among Young Women Who Inject Drugs in San Francisco,” Human Organization, Fall 2004, Vol. 63, no. 3, pp. 253-264.
- Boy D., 2009, « La place de la question environnementale dans le débat public », Regards croisés sur l'économie, n° 6, pp. 48-55.
- Bullard, R. Dumping in Dixie: Race, Class and Environmental Quality. Westview Press, 1990.
- Burgess, Ernest. “The Growth of the City: An Introduction to a Research Project,” in Robert Ezra Park, Ernest Burgess and Roderick McKenzie, the City, University of Chicago Press, 1925.
- Charbonnier P., 2022, « La naissance de l’écologie de guerre », GREEN, 2(2), pp. 76-81.
- Charbonnier P. Abondance et liberté. Une histoire environnementale des idées politiques. La Découverte, 2020.
- Checker, M. Polluted Promises: Environmental Racism and the Search for Justice in a Southern town. New York University Press, 2005.
- Chiapello È., Antoine Missemer and Antonin Pottier. Faire l’économie de l’environnement. Presses des Mines, 2020.
- Cohn, J., P. 2008. “Citizen Science: Can Volunteers Do Real Research?” BioScience 58 (3), 192–197.
- Davies, Thom. “Slow Violence and Toxic Geographies: ‘Out of Sight’ to Whom?,” EPC: Politics and Space, Vol. 40, no. 2, 2022, pp. 409-427.
- Descola P. Par-delà nature et culture. Gallimard, folio essais, 2005.
- Devienne, E. La ruée vers le sable. Une histoire environnementale des plages de Los Angeles au XXe siècle. Éditions de la Sorbonne, 2020.
- Ferdinand, M. “De l’usage du chlordécone en Martinique et en Guadeloupe : l’égalité en question.” Revue française des affaires sociales, (1-2), 2015: pp. 163-183.
- Fortun, K. Advocacy After Bhopal: Environmentalism, Disaster, New Global Orders, University of Chicago Press, 2001.
- Foucart S., 2022, « L’environnementalisme est, dans une large mesure, une sorte de “wokisme” », Le Monde, 9 juillet.
- Fressoz J.-B., « Quand la catastrophe suit son cours » in Jean Birnbaum (dir.), De quoi avons-nous peur ?, Paris, Gallimard, collection Folio Essais, 2018, p. 63-75.
- Giroux Élodie, 2021, « L'exposome : vers une science intégrative des expositions ? », Lato Sensu, 8(3), pp. 9-28.
- Giroux Élodie, 2021, « L'exposome : entre globalité et précision », Bulletin d’histoire et d’épistémologie des sciences de la vie, 28(2), pp. 119-148.
- Gir